Historique des bâtiments


La maison-mère de la congrégation est située à l’emplacement de l’ancien « Château de Neuilly ».

Du premier château à l’influence du comte d’Argenson au XVIIIe siècle

Le premier château de Neuilly a été construit au XVIIe siècle, et a appartenu à Louis Béchameil de Nointel, surintendant des finances du duc d’Orléans et maître d’hôtel de Louis XIV (propriétaire de 1668 à 1702). Il est ensuite acquis par M. de Sassenaye (propriétaire de 1702 à 1740) puis par la maréchale-duchesse de Biron, née Marie-Antoinette de Bautru de Nogent. Par testament, elle en cède la propriété au comte Marc-Pierre d’Argenson (1696-1764), secrétaire d’État de la guerre de Louis XV, qui en devient finalement propriétaire en 1741.

Ce dernier, séduit par la situation privilégiée du château en surplomb de la Seine, fait construire en 1751 un nouveau château par l’architecte Jean-Sylvain Cartaud. Dans son nouveau château, le comte d’Argenson reçoit de nombreux intellectuels, parmi lesquels Diderot, Voltaire et Rousseau. Mais en 1757, d’Argenson est disgracié et exilé dans son château des Ormes et ne peut rentrer à Paris qu’en 1764, pour mourir quelques mois plus tard.

Talleyrand, Murat, Napoléon…

En , son héritier vend le château de Neuilly au financier Radix de Sainte-Foy, qui le revend à son tour au début de 1792 à Madame de Montesson (1738-1806). Madame de Montesson vend le domaine en 1794 aux hommes d’affaires Delannoy et Ignace-Joseph Vanlerberghe qui le louent comme résidence secondaire à Talleyrand. Talleyrand, alors ancien président de l’Assemblée nationale, y donne des fêtes magnifiques.

La propriété est ensuite vendue au Maréchal d’Empire Joachim Murat en 1804. Murat, qui avait également acquis le château de Villiers (maison bourgeoise dans le parc de Neuilly), réunit les deux domaines en faisant l’acquisition des terrains de la plaine de Villiers et des trois grandes routes qui se trouvaient entre les clôtures des deux propriétés. Il y fait exécuter d’importants travaux et agrandissements entre 1804 et 1807, faisant notamment ajouter au château principal l’aile gauche, ainsi que la salle à manger et une partie de l’aile droite et fait prolonger la façade sur le jardin. Il agrandit aussi le parc, qu’il fait replanter. Au château de Neuilly, Murat donne lui aussi de somptueuses fêtes, comme à l’occasion du couronnement de Napoléon Ier comme roi d’Italie en 1805.

Devenu roi de Naples en 1808, tous les biens de Murat sont réunis au domaine extraordinaire de la Couronne. La princesse Pauline Borghèse, sœur de Napoléon, reçoit la propriété à titre de dotation le . Mais la princesse Pauline n’effectue pas de travaux à Neuilly qu’elle n’aime pas, le jugeant insalubre ; elle demande plusieurs fois à l’échanger contre un domaine moins voisin de Paris. Pour tenter d’améliorer la salubrité du lieu, les Ponts et Chaussées construisent en 1811 un aqueduc au-dessous du pont traversant le chemin de la berge afin de draîner les eaux stagnantes de la partie basse, qui formaient un étang entre la rivière et la rue basse de Longchamp.

En 1814, le domaine revient à la Couronne. Il est proposé au duc d’Angoulême qui le refuse mais accepte le château de Villiers, dont il prend possession en.

Louis-Philippe Ie et la famille d’Orléans

En 1818, les châteaux de Neuilly et de Villiers sont acquis par le duc d’Orléans, futur roi LouisPhilippe Ier. Louis-Philippe cherchait en effet un domaine à proximité de Paris, car son château du Raincy avait été détruit. Par des acquisitions successives, il agrandit le domaine afin d’isoler et de dégager complètement les châteaux de Neuilly et de Villiers. Il fait également transformer le château de Neuilly par Pierre-François-Léonard Fontaine. En 1820, l’aile droite du château est agrandie pour recevoir l’appartement du duc d’Orléans et celui de Madame Adélaïde (soeur de Louis-Philippe).

La famille d’Orléans aime particulièrement le château de Neuilly, où elle prend ses quartiers d’été ; l’épouse de Louis-Philippe y accouche d’ailleurs du prince de Joinville le . En effet, avec ses bâtiments longs et bas, le Château conserve une discrétion qui convient à la monarchie bourgeoise. Le parc, traité pour la plus grande partie en futaie, est entouré d’un haut mur d’enceinte qui le dérobe aux regards.

Lors de la révolution de 1848, le château est incendié et pillé le 25 février. Confisqué par Napoléon III en 1852 avec les biens de la maison d’Orléans, le parc est divisé en 700 lots qui, après la création de sept boulevards de 30 mètres de largeur et de neuf rues limitées à 15 mètres de largeur, sont l’objet d’adjudications successives à partir de 1854. Du Château de Neuilly, il ne reste plus qu’une des ailes édifiées par Murat, appelée « Pavillon de Madame Adélaïde ».

D’un usage éducatif à l’arrivée des religieuses de Saint-Thomas de Villeneuve

Le Pavillon de Madame Adélaïde est occupé de 1863 à 1874 par le pensionnat Notre-Dame-des-Arts, puis de 1874 à 1907 par une maison de travail pour les jeunes filles pauvres dirigée par Mademoiselle Glaudel.

Le domaine est racheté en 1907 par la Congrégation à la suite de l’expropriation de l’ancienne maison-mère, rue de Sèvres à Paris. Les religieuses confient à l’architecte Maurice Humbert le soin de restaurer les bâtiments et de construire leur nouveau couvent en harmonie avec l’aile subsistante. C’est notamment lui qui construit la chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Délivrance. Les sœurs s’y installent le 23 septembre 1908 et la chapelle est consacrée le 22 juin 1910.

Sources :
Jacques de BASCHER, La Vierge noire de Paris, Éditions Tequi, 1980
Château de Neuilly. Domaine privé du roi, Paris, Imprimerie de Pihan Delaforest, 1836