Histoire de la Congrégation


La Fondation de la Congrégation

La Congrégation des Soeurs Hospitalières de Saint Thomas de Villeneuve fut fondée à Lamballe (Côtes-d’Armor) en 1661, par le Père Ange Le Proust (1624-1697), religieux augustin.

Cette fondation est liée à la conjonction de deux événements qui ont eu lieu à la fin des années 1650 :

  • 1658 : Thomas de Villeneuve, religieux augustin espagnol, est canonisé et de grandes fêtes sont organisées dans tous les couvents de l’Ordre.
  • 1659 : le Père Ange, à 35 ans, est nommé prieur du couvent de Lamballe, c’est-à-dire responsable du couvent étant donné qu’il n’y a pas d’abbé dans cet ordre.

Le nouveau prieur organise des festivités en l’honneur du nouveau saint. C’est au cours d’une adoration du Saint Sacrement qu’il reçut une « illumination » : quelque chose devait être entrepris pour remédier à la situation des pauvres de l’Hôtel-Dieu de Lamballe, dont l’état misérable l’avait fortement bouleversé.

Le petit Hôtel-Dieu de Lamballe est à l’époque un petit bâtiment au sol de terre battue, où les malades des deux sexes sont couchés sur la paille. Il n’y a ni jardin, ni commodités sinon au-dessus de la rivière qui borde la cour. Matériellement, le petit Hôpital est pauvre : les rentes sont les seules recettes de l’hôpital, et elles sont souvent mal payées. Le seul personnel est un groupement de nobles et bourgeois locaux, la « Confrérie de la Charité », fondée en 1650. La confrérie, elle, est riche, avec des ressources propres, et ses membres visitent les pauvres en apportant des secours matériels ; malheureusement, ils ne peuvent assurer une présence régulière du fait de leurs obligations familiales et sociales.

Le Père Ange note alors un détail : certains membres de la Confrérie sont affiliés au Tiers-Ordre de Saint Augustin, sous la direction spirituelle des religieux du couvent et vivent déjà une vie à l’écart des mondanités, dans l’exercice de la prière et des bonnes œuvres.
Il projette alors de créer une société du Tiers-Ordre de Saint Augustin placée sous la protection de Saint Thomas de Villeneuve, « Le Père des Pauvres », d’où elle tirera son nom. Toutefois, il ne se précipite pas et mûrit son projet : il prend conseil tout d’abord auprès de l’évêque du diocèse, Monseigneur Denis de la Barde. C’est lui en personne qui lui donne en 1660 commission de remédier à l’état de l’Hôtel-Dieu et l’enhardit dans son projet. Enfin, pendant un an, le Père Ange célèbre chaque jour l’Eucharistie pour connaître la volonté de Dieu.

 

Simultanément, il choisit dans le Tiers-Ordre plusieurs jeunes femmes, membres également de la Confrérie, à qui il dévoile son projet. Sur leur réponse affirmative, le Père Ange les forme progressivement à leur rôle futur. Ces jeunes femmes s’appelaient : Gillette du Bohu, dame de la Pommeraye, Renée Lorans, dame du Breuil, et Anne Le Maignan, dame du Canton. Il a en effet une conviction : « pour s’occuper des pauvres malades, il faut des coeurs et des mains de femmes, toutes données à Dieu et à ses pauvres. »

Enfin, le Père Ange prend contact avec les autorités locales : le clergé de la ville, la Communauté de la Ville (équivalent du conseil municipal aujourd’hui), la supérieure de la Confrérie de la Charité, et Maître Lorans, administrateur de l’Hôtel-Dieu. Son idée est novatrice pour l’époque : créer une société avec des membres du Tiers-Ordre augustin menant une vie religieuse, mais sans clôture.

 

Après un an de négociations, un contrat est passé le 16 février 1661 devant notaire : il officialise l’union entre la Confrérie de la Charité et l’administration de l’Hôtel-Dieu. Confrérie et Hôtel-Dieu unissent désormais leurs revenus, et la confrérie désigne les trois dames choisies par le Père Ange pour demeurer à l’hôpital. Leur but sera « de restaurer le petit Hôtel Dieu de Lamballe, d’y soigner les pauvres, et de relever plusieurs petits hôpitaux qui ne sont pas accessibles aux religieuses (cloîtrées), ni capables d’avoir (les locaux) d’un couvent. Enfin, de restaurer leurs chapelles où le Seigneur n’est pas mieux logé que les pauvres ».

Le 2 mars 1661, conduites par l’Évêque en personne, par les membres de la Communauté de Ville ainsi que par une foule d’habitants, les trois jeunes femmes entrent à l’Hôtel-Dieu pour le service des pauvres. Très vite, dès les premières années, les communautés se multiplient, appelées soit par les Évêques, soit par les Communautés de Ville, soit par relations.

 

1662 : lettre de cachet du roi Louis XIV approuvant les activités de la Société Saint-Thomas de Villeneuve

mars 1671 : lettre patente du roi Louis XIV autorisant officiellement l’existence de la Société Saint-Thomas de Villeneuve

20 juillet 1683 : la Société Saint Thomas de Villeneuve est officiellement érigée en congrégation du Tiers-Ordre de Saint Augustin.

06 août 1691 : la congrégation est placée sous la protection de Marie-Anne de Bourbon, fille du roi Louis XIV et princesse de Conti.

1694 : trois maisons (une en Bretagne, une en Poitou et une en Île-de-France), sont choisies pour y établir les premiers noviciats de la congrégation.

16 octobre 1697 : mort du Père Ange Le Proust. La congrégation compte alors 33 communautés en France.

 

Le 18e siècle :

16 août 1700 : la Maison-Mère, jusqu’alors à Lamballe, s’installe au 27 rue de Sèvres à Paris.

1720 : quatre équipes de sœurs partent secourir les pestiférés à Marseille. Toutes succomberont, victimes de leur dévouement. Le scénario se répète ensuite avec une nouvelle épidémie à Quimper en 1725

1761 : 1er Centenaire de la Fondation ; il y a environ 56 maisons, confiées à 330 sœurs.

1774 : les Constitutions de la congrégation sont officiellement approuvées par Mgr de Beaumont, archevêque de Paris, et sont pour la première fois imprimées.

1789 : la Révolution disperse les sœurs qui, pour beaucoup, continuent les soins aux malades sous l’habit séculier. En effet, la consigne de la supérieure générale était de quitter l’habit religieux et de tout faire pour rester à son emploi sous la seule réserve que ce maintien dans les lieux ne mette en cause ni la fidélité aux vœux, ni l’attachement à Rome.
Certaines religieuses se réfugient dans leurs familles, plusieurs y mourront et les autres reviendront après la tourmente. Dans les hôpitaux administrés par les municipalités, les religieuses sont chassées puis rappelées ou chassées définitivement, emprisonnées et persécutées.

1792 : les établissements pour filles pénitentes et les écoles charitables ferment. Au total, la congrégation quitte une vingtaine de maisons. Toutefois, elle peut continuer d’exister du fait de ses activités sanitaires et sociales.

1793 : la supérieure générale, Mère Walsh de Valois, est incarcérée à la prison des Oiseaux à Paris. Elle s’y lie d’amitié avec la comtesse de Carignan Saint-Maurice, elle aussi prisonnière.

1794 : Mère Walsh de Valois et la comtesse de Carignan sont libérées. Malheureusement, les soeurs de Saint-Thomas sont dénoncées comme des religieuses déguisées, et la maison-mère est mise en adjudication. Avertie de la situation, Madame de Carignan fait voeu de céder aux soeurs une statue de Vierge noire qu’elle possède, Notre-Dame de Bonne Délivrance, si ces dernières échappent à ce nouveau malheur.

 

Le 19e siècle :

 

1804 : Mère Pauline Pinczon du Sel, religieuse de Saint-Thomas partie créer une nouvelle communauté du côté d’Aix-en-Provence, fonde finalement une congrégation à part, la congrégation des Soeurs hospitalières de Notre-Dame de Grâce dites de Saint-Thomas de Villeneuve.

1806 : suite au voeu de Madame de Carignan, la statue de Notre-Dame de Bonne Délivrance prend place dans la chapelle de la Maison-Mère.

1810 : les statuts de la congrégation sont officiellement approuvés par décret impérial de l’empereur Napoléon 1er.

1834 : suite à des travaux dans l’ancien couvent des Augustins de Paris pour y établir la future École des Beaux-Arts, les restes du Père Ange Le Proust sont retrouvés. Il est alors ré-inhumé dans la chapelle de la Maison-Mère.

1870 : le siège de la ville de Paris est terrible. L’hiver très rude accentue la faim et le manque de nourriture et de combustibles. La supérieure générale, Mère Corré Villeson, est retenue en Bretagne à cause des événements, et c’est de là qu’elle continue à gouverner. Les novices et les sœurs malades l’y rejoignent bientôt. De Bretagne, elle envoie de précieuses provisions pour les sœurs demeurées à Paris.

 

Le 20e siècle :

1904 : loi interdisant l’enseignement à toutes les congrégations en France, ce qui entraîne la fermeture des pensionnats et écoles. La congrégation envoie alors les religieuses enseignantes continuer leurs œuvres à l’étranger. Ainsi s’ouvrent les maisons de Carlisle, Durham et Kingsbridge en Angleterre, et Lustin en Belgique.

1908 : le percement du Boulevard Raspail à Paris doit passer exactement sur l’emplacement de la Maison-Mère, ce qui oblige les sœurs à chercher une nouvelle résidence. En septembre, la nouvelle Maison-Mère est installée à Neuilly-sur-Seine.

1914-1918 : Première Guerre Mondiale. Les temps s’avèrent difficiles, plusieurs maisons se retrouvent sous la tyrannie de l’envahisseur, dans d’autres, les sœurs succombent à la tâche. Chaque jour arrivent à la Maison-Mère des demandes de renfort que l’on ne peut entendre, faute de personnel disponible. La Maison-Mère est mise à disposition de la Croix Rouge, une ambulance s’organise.

1936 : création des premières écoles d’infirmières à Saint Brieuc, L’Aigle, Le Havre.

1939-1945 : Seconde Guerre Mondiale. La « grande débâcle » de 1940 jette sur les routes tout un peuple affolé. Les hôpitaux sont surchargés. Sans ménager leur peine, les sœurs s’appliquent à réparer les malheurs nés de l’exode. Les bombardements font d’importants dégâts : ils endommagent l’hôpital du Havre et la Maison-Mère, et détruisent totalement les hôpitaux de l’Aigle et de Brest.

1948-1954 : sous l’impulsion de Mère Marie Gaston, supérieure générale, la Congrégation fonde ses premières missions en Afrique et aux États-Unis.

1961 : Tricentenaire de la Congrégation. De nombreuses messes sont célébrées, et une exposition itinérante fait le tour des communautés.

1984 : la congrégation des Soeurs hospitalières de Notre-Dame de Grâce est finalement réunie à la congrégation Saint-Thomas de Villeneuve.

1989 : arrivée des premières sœurs de Saint-Thomas de Villeneuve d’origine africaine.

1995 : nouvelle fondation au Pérou, à Iquitos.

1997 : Tricentenaire de la mort du fondateur Père Ange le Proust.

 

Le 21e siècle :

2002 : nouvelle fondation au Bénin, à Kilibo.

2006 : célébration du Bicentenaire de la présence de Notre Dame de Bonne Délivrance dans la Congrégation.

2010 : fondation de l’Hospitalité Saint-Thomas de Villeneuve (HSTV), groupe d’établissements à but non lucratif chargé de la gestion des neuf établissements sanitaires et sociaux de la congrégation

2011 : célébration des 350 ans de la Congrégation.

2013 : nouvelle fondation au Togo, à Bitchabé.